SUUNS

Pour un groupe qui existe depuis treize ans et qui a tourné aux quatre coins du monde, il y a un moment où le voile doit être levé. Jusqu’à présent, les rockeurs expérimentaux se sont complus dans le mystère comme une silhouette disparaissant dans la brume, proposant des albums qui se reposent confortablement dans l’ambiguïté, le détachement et les sous-entendus. Mais ces derniers temps, SUUNS semble plus à l’aise à l’idée de dévoiler ses propres rouages. « C’est un truc très geek », explique le chanteur/guitariste Ben Shemie. « Mais nous ne nous engageons jamais vraiment sur un certain type de tonalité. Qu’il s’agisse d’une tonalité majeure ou mineure, il y a toujours une sorte d’évitement de ce à quoi on s’attend. The Witness, le cinquième album de SUUNS, marque une fois de plus un virage à gauche astucieux et décalé. Pour un groupe de cette nature, le principe de base est toujours d’aller au fond des choses ou de sortir de sa zone de confort. D’une certaine manière, cela se vérifie sur The Witness, bien que l’on puisse dire que ces huit mouvements montrent SUUNS dans son état le plus confortable et le plus franc. Auto-enregistré et autoproduit pendant la majeure partie de l’année 2020 – une année de conflit, de solitude et de réflexion -, The Witness montre que le groupe tient une loupe sur son propre état de jeu et de performance par défaut